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Auteur.e : votre début de roman est-il assez captivant ?

l'aventure commence

Écrit par Éléonore

25 mars 2020

Les premières phrases de votre roman doivent plaire. Elles sont déterminantes pour votre lecteur. Comment l’auteur travaille-t-il l’accroche de son livre ? Quels sont les exemples pour s’inspirer et écrire un début d’histoire qui va captiver ? Dans cet article, je vous donne les pistes à suivre et les erreurs à éviter pour bien démarrer votre récit.

 

Les ingrédients de base pour le début de votre roman

Que vous destiniez votre roman à l’auto-édition ou à des maisons d’édition, les premières pages de votre roman sont cruciales.

Dans le cas de l’auto-édition : après avoir été attiré par la couverture et le titre, votre lecteur a lu la 4e de couverture et s’apprête maintenant à lire le début de votre livre. S’il est accroché, il l’achètera pour connaître la suite, si ce n’est pas le cas…

Dans le cas d’un envoi aux éditeurs : votre roman sera également jugé sur les premiers chapitres.

Donc, dans l’un ou l’autre cas, vous l’aurez compris, l’incipit* de votre histoire doit capter l’attention du lecteur, lui donner les informations indispensables pour savoir dans quelle histoire il s’embarque et l’intriguer suffisamment pour lui donner envie d’acheter / de dévorer la suite.

Cet article n’a pas vocation à être exhaustif, mais à vous amener à réfléchir à votre DÉBUT DE ROMAN, aux procédés que vous avez utilisés ou pas… et surtout s’il pourrait être corrigé et amélioré.

Pour corriger votre manuscrit efficacement, je vous invite soit à lire ma série d’articles sur le sujet soit à télécharger le GUIDE et la CHECK-LIST GRATUITS qui vous guideront dans cette étape importante pas à pas.

Vos dix à vingt premières pages voire vos deux ou trois premiers chapitres doivent poser un cadre de lecture et donner plusieurs informations indispensables au lecteur.

Le thème du livre

Le thème de l’histoire doit également être évoqué.

Allez-vous parler de deuil, de harcèlement scolaire, de dérèglements climatiques ?

Le cadre

: dans quels univers et lieux va se passer l’action de cette histoire ?
En Angleterre, dans l’espace, sur l’Atlantide ?

Quand : à quelle période se situe l’action ?
À l’époque victorienne, à l’heure actuelle, en l’an 2150 apr. J.-C. ?

Qui : quels seront les personnages principaux ?
Une adolescente, un androïde, un mousquetaire ?

Quel sera le genre du livre ?
Fantastique, thriller, romance, urban fantasy ?
Nota : le genre génère des attentes particulières de la part du lecteur. Les connaissez-vous ? Y répondez-vous ?

Quel point de vue sera adopté, quel style et quel ton seront employés ?
Point de vue omniscient ou à la première personne, style ampoulé ou simple, ton ironique ou humoristique ?

Les problèmes et enjeux dans l’accroche

Les problèmes du ou des personnage(s), leurs buts, leurs motivations et les enjeux.
Il est très important que le lecteur sache dès le début ce que cherche votre héros, ce qu’il va devoir surmonter et surtout ce qu’il risque.
Ex. : votre héroïne n’arrive pas à surmonter le deuil de son enfant, elle accumule les absences et les retards et elle est logiquement en passe de se faire virer. Pour l’éviter, elle va rencontrer le rédacteur en chef pour le convaincre de lui donner une dernière chance.

Le conflit au centre du livre

Et bien sûr, ne pas oublier l’élément de base : le CONFLIT ! Mais celui-là doit être présent dans tous vos chapitres sous une forme ou une autre (j’y reviendrai sûrement dans un autre article)

 

livre ouvert sur un décor imaginaire

Le livre est une porte ouverte sur l’imaginaire

Les différentes formes de débuts de romans

Le tout premier chapitre de votre manuscrit

Il existe différents procédés pour rédiger le premier chapitre de votre roman. Il est toujours intéressant de relire ses livres préférés et d’examiner de quelle façon leur auteur a choisi de commencer son récit. Quel est votre préféré ?

Le cas particulier du prologue

Je ne veux pas m’étendre sur le sujet, car ce n’est pas le but de l’article. Mais le prologue est différent du chapitre 1, il a une fonction bien spécifique. C’est une courte histoire, à part. Souvent le temps et/ou le lieu et/ou l’action et/ou le narrateur sont différents du reste du manuscrit. Il présente un élément hors du reste de l’histoire, mais qui a un rôle déterminant, qui influence la lecture, qui aide à la compréhension globale du récit.
Donc à vous qui avez écrit un prologue, je poserai cette simple question :
Si vous relisez votre histoire à partir du chapitre 1, est-ce que le lecteur comprend encore l’histoire ?
→ S’il lui manque une pièce essentielle du puzzle, le prologue est sûrement la bonne solution.
→ S’il lui manque seulement une ou deux informations que vous pourrez distiller dans les chapitres suivants, pas sûre que votre prologue ne soit pas simplement votre chapitre un ????

Flashback (analepse)

Il raconte un événement qui s’est passé avant le début du récit et qui va l’influencer (ex. : le meurtre dans un épisode de Colombo)

In media res

Le lecteur se retrouve directement jeté dans le feu de l’action.

Flashforward (prolepse)

Ce procédé évoque une situation après le début du récit.
C’est le cas de la première scène du film Limitless où l’on découvre le personnage au bord d’un toit dans une situation désespérée, ce qui nous donne très envie de savoir comment il en est arrivé là.

Oui, je pourrai donner régulièrement des exemples de film, car les techniques se rejoignent souvent dans ces deux domaines que sont la littérature et le cinéma.

Descriptif

Il pose les bases de la vie du protagoniste, c’est-à-dire la situation initiale avant l’élément déclencheur.

Les deux questions importantes à vous poser concernant ce premier chapitre sont :
– Avez-vous la certitude d’avoir commencé votre histoire au meilleur moment ?
– La fin de votre chapitre donne-t-elle envie de tourner la page (fin en cliffhanger ou intrigante) ?

Les erreurs à ne pas commettre pour un roman au début captivant

– Placer trop d’informations : c’est souvent ennuyeux et indigeste. Les informations seront plus appréciées si elles sont intégrées dans le développement de l’intrigue.
– Ne pas mettre assez d’informations : sans repères, votre lecteur est alors perdu. Il finit rapidement par décrocher.
– Ne pas instiller assez de rythme.
– Oublier de poser les enjeux. Le lecteur, pour être entrainé dans l’histoire, a besoin de savoir ce qu’il doit craindre pour votre héros ou votre héroïne.
– Ne pas introduire de conflit dans les scènes, que ce soit du conflit interne ou externe (voire les deux !)

 

bibliothèque en spirale plein de livres

Tirer son épingle du jeu dans une bibliothèque ou librairie bien garnie

Analyse des premières phrases des romans (bientôt) célèbres

La visée (en plus de harponner le lecteur) est de lui donner des informations soit sur l’enjeu, l’intrigue, la caractérisation du personnage principal, le but de l’histoire ou l’univers, et qui donne le ton du livre. Oui, rien que ça : je vous challenge, là ????

Plutôt que de longs discours, j’ai essayé de trouver des attaques intéressantes qui illustrent le propos (et pas que des classiques !)

Voici une liste non exhaustive, encore une fois, des différents procédés concernant cette entrée en matière (certains pourraient illustrer plusieurs catégories en même temps d’ailleurs).

 

Un dialogue
La Brûlure de la nuit, Sainte Marie des Ombres, tome 1, Sophie Dabat
— Lily ? Je suis là !
Avec un soupir excédé, je lève la main. D’un coup. Pas droit au tremblement. Puis je relâche la pédale de mon dermographe. Lentement, très lentement. Avec le tatouage, une erreur, un geste de travers et le gars se retrouve avec le Z de Zorro incrusté à vie sur la peau (…)
— Allez, raboule ! Viens me faire un câlin !

Une phrase qui annonce la couleur concernant le genre du roman
*« Il était une fois… » pour les contes.

Le Dernier Jour d’un condamné, Victor Hugo
« Bicêtre,
Condamné à mort !
Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée, toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids ! »

Un incipit qui attise la curiosité
Harry Potter à l’école des sorciers, J.K. Rowling
« Mr et Mrs Dursley, qui habitaient au 4, Privet Drive, avaient toujours affirmé avec la plus grande fierté qu’ils étaient parfaitement normaux, merci pour eux. Jamais quiconque n’aurait imaginé qu’ils puissent se trouver impliqués dans quoi que ce soit d’étrange ou de mystérieux. »

#1 Défaillances systèmes, Journal d’un AssaSynth, Martha Wells
« J’aurais pu faire un carnage dès l’instant où j’ai eu piraté mon module superviseur ; en tout cas, si je n’avais pas découvert un accès au bouquet de chaînes de divertissement relayées par les satellites de la compagnie. 35 000 heures plus tard, aucun meurtre à signaler, mais, à vue de nez, un peu moins de 35 000 heures de films, séries, lecture, jeux et musique consommées. Comme impitoyable machine à tuer, on peut difficilement faire pire. »

Une phrase choc
Seul sur Mars, Andrew Weir
« Journal de bord : Sol 6
J’ai bien réfléchi et maintenant j’en suis sûr : je suis foutu.
Foutu de chez foutu.
Dire que cela devait être les deux mois les plus extraordinaires de ma vie…Six sols plus tard, le rêve s’est transformé en cauchemar. »

Une accroche qui surprend
la Métamorphose, Franz Kafka
« En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte. »

Aurélien, Louis Aragon
« La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. »

Une entame qui résume (et sonne comme une sentence ou un proverbe)
Anna Karénine, Léon Tolstoï
« Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon. »

Une description qui donne le cadre de l’histoire voire l’ambiance
Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas
« Le 24 février 1815, la vigie de Notre-Dame de la Garde signala le trois-mâts le Pharaon venant de Smyrne, Trieste et Naples. »

Un début qui donne le ton de l’histoire et le style de l’auteur

Bonjour tristesse, Françoise Sagan
« Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. »

Zombie business, Jesse Petersen
« Quand l’épidémie zombie a commencé, j’étais la bonne poire du bureau où je travaillais. Vous voyez le topo. »

Rose-thé et gris souris, Marie-Catherine Daniel
« Elle, c’est Gertrude. Y a pas idée d’avoir un tel nom et ça lui pose problème depuis la maternelle. Il y a peu, elle a décidé qu’en fait c’était pas son vrai nom. Elle a décidé que son vrai nom, c’était Cunégonde. Elle a un humour particulier, Gertrude. »

Et vous, quel procédé avez-vous utilisé ? Êtes-vous certain.e que c’est le meilleur, celui qui va séduire votre lecteur ?

Je vous invite donc à vous demander si vous avez bien travaillé le début de votre roman, que ce soit au niveau des vingt premières pages, du premier chapitre ou de l’incipit.

Imaginez votre lecteur dans un couloir plein de portes ouvertes. Chacune de ces portes représente les livres dans sa librairie réelle ou virtuelle. Il passe devant celle de votre histoire inconnue, son champ de vision est limité à l’embrasure. Le peu qu’il voit de votre récit l’attirera-t-il à l’intérieur ? Et s’il franchit le pas, aura-t-il envie d’aller plus loin ?

Vous souhaitez savoir si votre début est assez accrocheur ? Je vous propose une bêta-lecture sur-mesure : pour plus d’informations, c’est par ici !

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