Aujourd’hui, interro sur les protagonistes de votre livre : archétypes, stéréotypes, facette psychologique et côté obscur. Et en bonus un test !
Je lis en ce moment « le Guide du scénariste » de Christopher Vogler.
L’auteur s’appuie lui-même sur « le Héros aux mille et un visages » de Joseph Campbell. Livre que je n’ai pas réussi à lire jusqu’à maintenant. J’ai déjà essayé deux fois, mais j’ai du mal. Or c’est quand même un ouvrage important dans la thématique des mécanismes de la narration. Donc, j’ai feinté et opté pour Vogler.
Joseph Campbell a étudié énormément de mythes du monde entier et en a dégagé de grandes lignes communes : le voyage du héros, le monomythe. (Je vous en reparlerai sûrement dans un article.)
Mais il a aussi réfléchi aux personnages récurrents de ces mythes en s’appuyant sur les théories du psychologue Carl Jung au sujet des archétypes.
En bref, selon Campbell, il existe dans l’inconscient collectif et les mythes des modèles de figures mythologiques.
Vogler a mis en parallèle ces modèles avec les personnages de fiction.
Vous me suivez toujours ?
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Donc, les archétypes en narration, à quoi ça sert ?
Ce sont des bases psychologiques fondamentales de telle ou telle personnalité ; les rôles que les personnages peuvent jouer dans la société, leurs façons essentielles d’interagir avec les autres.
Super avantage : Les archétypes ont un caractère universel, ils transcendent les frontières culturelles. Chaque archétype est donc rapidement reconnu par le public (cf le mentor : Obiwan dans Star Wars).
Il en existe une longue liste. Prenons déjà ceux cités par Truby : le héros, le roi ou le père, la reine ou la mère, le vieillard sage, le mentor ou le professeur, le guerrier, le magicien ou le shaman, l’escroc, l’artiste ou le clown, l’amoureux, le rebelle.
Et ceux cités par Vogler : le héros, le vieux sage ou la bonne mère, le gardien du seuil (comme le Sphinx dans Œdipe), le messager, le personnage protéiforme (le faux allié par exemple), l’ombre (l’adversaire), l’allié et le trickster (mauvais génie).
Je vous laisse les découvrir en détail dans leur ouvrage respectif. Je ne vais pas vous détailler ici chaque archétype, ce n’est pas mon but dans cet article. Mais je tiens quand même à ajouter, suite à ma lecture, que Vogler explique de manière intéressante la fonction et le rôle de chaque archétype vis-à-vis du héros (et de sa transformation) dans la trame de l’histoire, en détaillant les fonctions psychologique et dramatique de chacun.
Mon but ici est plutôt de vous amener à vous interroger sur les archétypes de vos personnages et de savoir si vous les exploitez de la meilleure façon.
Pourquoi les utiliser ? intérêt et danger !
Intérêt
Inconsciemment, le lecteur va très rapidement reconnaitre l’archétype du personnage et lui associer un rôle, des qualités, une façon attendue d’interagir avec les autres dans l’histoire.
C’est donc pour l’auteur une manière facile et directe d’ancrer un personnage.
Allez un petit jeu :
Dans la liste suivante, retrouvez le héros, le mentor, l’allié, le messager, le mauvais génie :
Han Solo
Dumbledore
Hagrid
Katniss
Loki
Facile, non ?
Danger : faire de votre personnage un stéréotype !
Connaissez-vous les tests de Mary Sue et Gary Stu ?
Le test en anglais : ICI
Une partie du test en français LÀ
En gros, ces tests permettent de savoir si votre personnage est cliché (plus vous avez de points, plus votre personnage se rapproche du cliché). Il est trop parfait, idéal, il réussit tout, n’a aucun défaut, etc. Là encore ces tests ne sont pas à prendre au premier degré, mais permettent de prendre conscience de la façon dont votre personnage pourrait être perçu par les lecteurs. Ils peuvent vous aider à nuancer vos protagonistes.
Bref pour éviter les stéréotypes : personnalisez l’archétype pour lui donner des caractéristiques uniques sur une base universelle.
Jouez avec les archétypes
Si vous connaissez les traits de votre archétype, vous pouvez tout à fait prendre un trait complètement à contrepied, afin de surprendre le public.
Ainsi dans « Hunger Games », quand Katniss et Peeta attendent leur mentor dans le train luxueux qui les emmène à Panem, le public s’attend à un homme sage, prêt à aider ses élèves, droit, exemplaire (en bref, ce que l’on attend d’un mentor). Or Haymitch arrive complètement saoul et finit même par repartir sans les aider.
Vous voyez ce que je veux dire ?
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Et si votre archétype passait du côté obscur de la force !
Les archétypes ont des personnalités fortes et marquées et peuvent donc aussi basculer du côté obscur de la force. Car leur force peut devenir leur faiblesse.
Par exemple : le besoin de protection et de contrôle de la mère ou la reine peut se transformer en tyrannie (tout en estimant qu’elle œuvre pour le bien de ses enfants ou de ses sujets).
Y avez-vous réfléchi pour vos personnages secondaires (on y réfléchit souvent pour son héros uniquement) ?
Est-ce que cet angle ne pourrait pas donner une évolution intéressante à votre personnage ?
Est-ce que cela ne pourrait pas créer un twist intéressant dans votre histoire ?
Comment utiliser l’archétype de ses personnages ?
L’archétype est un outil intéressant pour creuser un personnage une fois que vous avez identifié à quelle catégorie il appartient comme on l’a vu plus haut. Utilisez-vous vraiment tout son potentiel ?
Souvent, on utilise des archétypes sans vraiment le savoir, inconsciemment.
Il est donc dans l’intérêt de votre histoire d’approfondir vos personnages.
Mais Vogler ajoute une dimension intéressante à ce travail. Selon lui, il faut ouvrir un peu sa perspective et envisager que chaque personnage peut mettre un masque d’archétype à un moment ou à un autre dans le récit, et ainsi passer de messager à mentor, par exemple.
Il est aussi possible de considérer les archétypes comme des facettes de la personnalité humaine (qualités et défauts)
Selon Vogler, pour identifier l’archétype principal ou à un instant T de votre récit, vous pouvez vous demander :
Quelle facette psychologique il incarne ?
Quel rôle il joue dans la transformation de votre héros et l’évolution du récit ?
C’est tout pour aujourd’hui, j’espère que cette mise en perspective vous aidera à vous interroger sur les différentes facettes de vos personnages, sur la façon dont vous avez exploité / approfondi leurs caractéristiques et comment vous les avez différenciés, rendus uniques pour éviter d’en faire des clichés.
Maintenant, à vous de jouer !
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