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Auteur.e : êtes-vous passé.e à la 5-D pour écrire vos scènes ?

Fille qui écoute de la musique et danse

Écrit par Éléonore

5 avril 2020

Vous avez peur que votre histoire soit plate et sans saveur ?
Votre lecteur a du mal à s’immerger dans l’ambiance de vos scènes ?
Il ne frissonne pas avec vos personnages, ne ressent pas leur joie ou leur douleur ?

Peut-être est-ce parce que vous lui décrivez ce qui arrive seulement avec les yeux.
Ce sens est prépondérant dans notre vie : il ne se passe pas une heure sans que l’on ne regarde un écran ou bien que l’on ne lise la liste des ingrédients sur un paquet de gâteaux au chocolat.

On a vite fait d’oublier les 4 autres.

Et pourtant !

L’importance de l’utilisation des 5 sens pour réussir des scènes immersives

 

Imaginez un monde sans odeurs et sans bruits, sans sensation de chaleur ou de fraîcheur. Ce serait bien…vide, fade et ennuyeux, non ?

Mais c’est un peu ce que fait un récit en 2-D (avec des descriptions visuelles et ponctuellement auditives ou olfactives).

Votre lecteur a besoin de vivre les aventures de votre personnage en 5-D, comme au cinéma dans ces salles spéciales où l’on est secoué sur son siège, où l’on peut recevoir des embruns lors d’une tempête ou respirer l’odeur de barbapapa en débarquant dans une fête foraine.

Vous avez déjà testé ?

Je suis certaine que si ce n’est pas le cas, vous pouvez imaginer qu’on est d’autant plus immergé dans le film.

Il faut faire de même avec les mots.

Mais si, c’est possible ????

Je vais détailler un peu plus ma pensée dans la suite, notamment en parlant de descriptions « augmentées », tout comme je vous parlais de dialogues « augmentés » dans cet article.

Mais aussi en abordant des angles dont on parle assez peu, je crois, quand on évoque les descriptions et l’utilisation des 5 sens. J’espère que ça vous inspirera.

La vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût : 5 sens dans tous leurs états pour des descriptions « augmentées »

 

1) La vue

C’est celui qu’on ne peut oublier sauf en cas d’obscurité totale ou de personnages non-voyantes.
Petite anecdote personnelle : une des héroïnes de mon roman en cours de correction est aveugle justement. Cela m’oblige à travailler les chapitres de son point de vue en me servant uniquement des 4 autres sens. C’est d’ailleurs ce qui m’a donné envie d’écrire cet article.

Pour les descriptions visuelles, on peut rester sur du très neutre bien sûr :
« Alors que la circulation sur l’avenue était dense, la voiture rouge, de marque italienne, s’immobilisa en double file. »

Mais on peut également se mettre dans la tête de son héroïne :
« La Ferrari 250 GTO s’immobilisa en double file. Betty négligea complètement le fait que le bolide bloque une des deux voies de circulation pour se concentrer sur cette magnifique mécanique des années 60. » (Les filles aussi peuvent aimer les belles Italiennes !)

On peut aussi tenter des effets de zoom / dé-zoom :

On part de la scène générale pour décrire ensuite les détails ou l’inverse, en allant du détail (par exemple le cheval cabré noir sur fond jaune qui orne la voiture) pour aller au général (l’avenue bondée).

 

2) L’ouïe

On pense souvent à décrire un bruit quand il interrompt le personnage (sonnerie du téléphone, coups frappés à la porte), ou encore lorsqu’un danger se rapproche (le grondement d’un orage, le galop affolé de chevaux).

Mais n’oublions pas que le bruit crée une ambiance.

Le gazouillis des oiseaux, le ronron hypnotique d’un chat, le puissant vrombissement des moteurs sur un circuit automobile, le brouhaha d’une salle de rédaction de journal, etc.

Et tout autant que l’apparition d’un bruit dans une absence d’ambiance, un silence soudain dans un environnement sonore bien défini peut amener cette cassure dans le récit.

Pensez aussi que, comme une madeleine de Proust, certains sons peuvent raviver les souvenirs de votre personnage (la mélodie d’une vieille boite à musique par exemple).

Pour clore ces deux premiers points (vue et ouïe), je vous conseille vivement la lecture de Helen Keller, sourde, aveugle, muette. Ou comment une petite fille est sortie des ténèbres et du silence grâce à son éducatrice, Anne Sullivan. Le point de vue de ce livre est vraiment intéressant puisque c’est Helen elle-même qui l’a écrit.

deux doigts de la main qui effleure la mer

 

3) Le toucher

On pense souvent au toucher quand deux de nos personnages se rapprochent, disons, intimement (???? je vous vois sourire).

À mon avis, ce sens est vraiment sous-estimé dans les récits.

Pourquoi ?

Parce que, par extension, il concerne également d’autres perceptions comme celle du chaud et du froid sur la peau ou encore la texture.

Allez, des petits exemples pour éclairer mes mots :
La texture rêche du drap sur les jambes ou celle de la boue glissante sous les bottes.
Le froid qui mord les joues en hiver ou la chaleur du soleil sur le visage en été.

une jeune fille sent le soleil sur sa peau

 

4) L’odorat

Le bouquet musqué d’un parfum, l’odeur rance de la transpiration, les effluves de frites et de gras du fast-food, l’arôme corsé du robusta du matin.

À chaque fois que j’utilise ce sens dans une scène, je repense à une de mes anciennes lectures : le Parfum de Patrick Süskind.

Si vous n’avez jamais lu cette œuvre originale, je vous le conseille. Le personnage principal est doté d’un « nez » exceptionnel. Bon, il ne va pas s’en servir pour faire le bien puisque le sous-titre du livre est quand même Histoire d’un meurtrier (vous êtes prévenu.e !). L’intérêt de ce roman réside dans le fait que les odeurs ont un rôle prépondérant dans le récit et les descriptions, ce qui est peu banal.

Allez un petit exemple pour le plaisir :
« La mer sentait comme une voile gonflée où se prenaient l’eau, le sel et un soleil froid. Elle avait une odeur toute bête, la mer, mais c’était en même temps une grande odeur et unique en son genre, si bien que Grenouille hésitait à la scinder en odeurs de poisson, de sel, d’eau, de varech, de fraîcheur, et autres. Il aimait mieux laisser entière l’odeur de la mer, la conserver tout d’une pièce dans sa mémoire et en jouir sans partage. »

fillette qui mange une glace

 

5) Le goût

Je ne peux mieux vous conseiller que de manger en fermant les yeux.

Concentrez-vous sur cette sensation, là encore multifacette : est-ce sucré, salé, gras, amer, épicé ? Comment décririez-vous la texture : onctueuse, liquide, filandreuse, craquante ?
Est-ce chaud, froid ?

Vous pouvez aussi le comparer à l’aliment précédent ou au suivant.

Bref, décomposez au maximum vos ressentis.

Allez un petit exemple :
« Après le goût salé et métallique du sang, ce fruit sucré et suave lui fit l’effet d’un bonbon en bouche. »

Petite mise en garde sur l’absence ou l’overdose de descriptions sensorielles

Attention à ne pas en faire un catalogue.

Vos lecteurs peuvent tout autant critiquer un manque de sensations et d’immersion qu’une overdose.

Pas besoin de tout décrire dans les moindres détails et d’utiliser TOUS les sens à chaque scène. Cet article a simplement pour but de vous exhorter à ne pas oublier les 5 sens dans vos histoires. Si ça ne vous parait pas évident lors de votre 1er jet, pas de panique ! La phase de correction vous permettra de rectifier le tir.

 

Mon conseil : gardez seulement ce qui est pertinent à moins de vouloir donner un effet particulier à votre description, bien entendu. Mais globalement, j’aurais tendance à dire que les lecteurs actuels préfèrent lire des descriptions moins longues, mais où chaque élément est choisi avec soin et « fait sens ».

Pour savoir ce qui est pertinent, j’emploierai cette image :

dessin moustache et nez triangle

Quel est cet animal ?
Je suis certaine que vous avez trouvé et pourtant vous avez peu d’éléments.
Vous voyez, pas besoin de beaucoup de détails. Il faut seulement sélectionner ceux qui sont les plus judicieux.

 

En plus d’immerger votre lecteur dans une scène en 5-D, à quoi servent les 5 sens ?

Selon moi, ils servent à créer une ambiance, faire ressentir pleinement les sentiments de vos personnages et / ou caractériser un personnage.

 

Faire ressentir une ambiance au lecteur

Une rue fourmillant de monde, de bruits, saturée d’odeurs variées lors d’une chaude journée d’été ne donnera forcément pas la même ambiance qu’une rue déserte, enneigée, en plein mois de décembre, envahie d’un brouillard tellement épais qu’on a l’impression d’en avaler à chaque inspiration.

 

Faire ressentir des émotions à votre lecteur

Grâce à l’utilisation des 5 sens, votre lecteur ne fait pas que voir, il entend, sent, goûte tout ce que votre héros ou héroïne entend, sent, goûte. Il EST votre héros ou votre héroïne. Il a enfilé son costume et vit l’histoire. Et par extension, toutes ces sensations que vous décrivez lui permettent de ressentir plus intensément les émotions de vos personnages.

 

Caractériser un personnage

La même scène vue selon le point de vue d’un personnage ou d’un autre pourra être totalement différente.
Imaginez notre voiture rouge en double file vue par un écologiste, un banquier ou une fillette. Elle n’aurait absolument pas la même allure, c’est sûr ! D’ailleurs, je vous laisse faire ce petit exercice si ça vous tente.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui, j’espère que cet article vous aidera à mettre de la 5-D dans vos scènes, que ce soit dans votre 1er jet ou lors de la réécriture.

Alors facile ou pas, pour vous, de faire appel aux 5 sens dans vos histoires ?

???? ???? Si vous voulez aller plus loin, allez jeter un oeil à ma formation « boostez vos descriptions en 3 étapes simples ».

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