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Corriger son premier jet de roman en 12 étapes (2e partie)

Corriger son roman partie 2

Écrit par Éléonore

20 mars 2020

 

Reprenons le fil : dans l’article précédent, nous avons vu ensemble, les trois premières étapes. Ainsi, après avoir laissé reposer plusieurs semaines votre manuscrit (1), vous avez commencé par le relire et annoter le fond de l’histoire (2). Une fois fait, vous avez revu vos intentions, écrit ou réadapté votre pitch et votre synopsis (3).

Et maintenant ?

4e étape : vérification des fils d’intrigue, de la caractérisation des personnages et de la chronologie

Ce point va de pair avec le synopsis, je les réalise en parallèle en général.
C’est une étape importante dans le processus de correction.
Vous allez examiner les grandes lignes qui sous-tendent votre histoire.

* Les fils d’intrigues

Le fil principal de votre intrigue la plus importante et les secondaires.
Relisez à la suite les chapitres ou scènes qui concernent seulement le fil d’intrigue que vous voulez corriger et voyez si tout fonctionne. Est-ce que l’action A entraîne bien l’action B, etc.

Si ce n’est pas le cas : prenez des notes.

Faites de même avec les fils secondaires.

* La caractérisation de vos personnages, leurs motivations et leur évolution

Si vous n’avez pas fait de fiches, vous devez connaître vos personnages parfaitement (caractère, motivations, secrets, aspect physique, etc.)
Relisez votre texte en vous focalisant sur un personnage à la fois.

– Est-ce que les descriptions le concernant sont toujours cohérentes (il a les yeux bleus au début, restent-ils bien bleus jusqu’à la fin ? Son prénom est-il bien toujours le même et orthographié de la même manière ?)

– Est-ce que ses réactions sont cohérentes ? Par exemple : s’il est décrit comme timide, il est peu probable que ce soit lui qui prenne la parole le premier dans une conversation de groupe (sauf si la situation le pousse dans ses retranchements bien évidemment, mais cela devra être décrit comme tel).

– Ses motivations sont-elles claires ? Que veut-il ? Vérifiez que les enjeux soient connus dès le début de l’histoire. Le lecteur sait-il ce que votre protagoniste risque s’il échoue ?
A-t-il évolué entre le début et la fin de l’histoire ? (Peut-être que non, mais ça doit être une volonté de votre part.)

– Concernant votre personnage principal : vérifiez qu’il n’est pas passif et ne se laisse pas simplement balloter par les évènements extérieurs.

Si quelque chose cloche, prenez des notes.

* La chronologie

Mettez des dates, et même des heures si besoin, à côté de chaque scène pour savoir si le temps ne passe pas plus vite chez un personnage plutôt qu’un autre. Vos fils d’intrigue se croisent, mais le tempo est-il le bon ? Les protagonistes du fil d’intrigue A n’ont-ils pas dû chevaucher 5 fois trop vite par rapport à ceux du fil B pour être à cette fameuse réunion des clans le même jour ?

Si quelque chose doit être modifié, prenez des notes.

prenez des notes

*La véracité des données scientifiques ou spécifiques

Avec telle blessure, mon personnage peut-il encore marcher ? Que font les journalistes d’un quotidien local de leur journée ? Quelles sont les croyances inuites sur la mort et la réincarnation ?
Pas d’improvisation, il en va de la crédibilité de votre histoire.

Si vous avez des doutes sur certains points, prenez des notes (je pense que vous avez compris le principe de cette étape ^^).

À ce stade, je vous préviens tout de suite, vous allez peut-être prendre peur. Car vous allez vous rendre compte que vous avez beaucoup de notes.

Je vous rassure tout de suite, c’est normal.

Pris dans l’écriture du premier jet, dans le flow, on peut perdre de vue certains éléments (même très importants) de l’histoire.

Mais pas de panique, avec une bonne organisation, tout va bien se passer.

Personnellement sur mes dernières corrections, à ce stade, sur un texte de 170 000 secs* (une grosse novella, quoi), j’avais 3 pages de corrections de fond globales et 4 autres sur des remarques chapitre par chapitre.

5e étape : plan de correction

Grâce à cette étape, vous allez organiser vos notes.

Comment ?
C’est très simple.

Pour chaque problème que vous avez noté, vous devez trouver une solution, c’est-à-dire une manière de régler ce problème. Et ce sont vos solutions qui vont devenir la base de votre plan de correction.

Par exemple :

Problème : les chapitres testés au présent fonctionnent moins bien.
Solution : tout remettre au passé.

Problème : Chapitre 3, scène 2 : mon personnage timide intervient le premier dans une conversation de groupe (et finalement, je me rends compte que dans tout le reste du roman, il ne parait pas timide)
Solution : supprimer ou modifier dans la scène 1 du chapitre 2, le moment où je montre sa timidité.
J’ai pris ce deuxième exemple pour vous montrer que la solution ne se trouve pas forcément là où il y a le problème.

Personnellement, donc je garde mes 2 catégories : corrections globales et corrections chapitre par chapitre. En réalisant ce plan, le chemin est alors tout tracé pour retravailler le texte.

cases plan de corrections

Mon petit truc de motivation en plus : je dessine une case à côté de chaque point global et de chaque chapitre à corriger. Dès que j’ai terminé un point, je peux colorier ma case et je vois mon avancement sur mon plan de corrections. C’est super motivant.

Parfois, vous aurez du mal à trouver la solution. C’est normal ! Il reste toujours quelques points qui coincent. Dans ce cas-là, je laisse reposer et j’y reviens plus tard. Mon inconscient va travailler pour moi. Et la solution finit toujours par surgir quand je ne l’attends pas, au détour d’une balade ou d’un bon bain. Ou bien encore lors d’une discussion à ce sujet avec une amie.

6e étape : les corrections de fond et la réécriture

La montagne semble haute, mais vous avez un plan tout tracé, il suffit de le suivre. Vous avez déjà des cases toutes prêtes à colorier, mais vous pouvez aussi redécouper chaque point.
Par exemple : j’ai une case pour « tout repasser au passé », mais je peux la redécouper en 30 chapitres. Et décider d’en retravailler 10 cette semaine.

Quoiqu’il arrive : avancez ! Même d’une case ou deux, chaque pas et un pas de plus vers une meilleure version de votre histoire.

Personnellement, j’aime particulièrement ce moment. Car enfin, je sais où je vais et j’ai l’impression que chaque correction rend une image plus nette de ce que je veux faire passer.
Le but : que l’image soit nette, bien cadrée, pleine de couleurs et de contrastes, que la composition soit harmonieuse et surtout qu’elle donne de l’émotion à ceux qui la verront.

7e étape : sortez la tronçonneuse pour tuer vos darlings* et flinguer vos redites

Bien, vous avez déjà fait un énorme chemin, mais il reste quelques points qui fâchent à aborder.

J’ai créé une étape particulière pour ces points, car je sais qu’il est très difficile de couper du texte, voire des scènes entières. Ces scènes sur lesquelles vous avez sué sang et eau et que vous adorez. Mais si, vous voyez de celles dont je parle, j’en suis sure.

* Sortez la tronçonneuse pour « tuer vos darlings » [comme disait Stephen King]

Pourquoi ? Parce que cette scène chérie ne sert pas à faire avancer l’intrigue, ne caractérise pas un personnage, n’illustre pas le thème de l’histoire alors il faut la couper. À coup de tronçonneuse. Impitoyablement.

Mais vous pouvez, comme moi, vous créer un fichier des scènes coupées où vous conserverez avec amour tous ces bouts de texte si chouettes. Et peut-être vous resserviront-ils un jour ? Peut-être seront-ils le terreau d’une histoire à venir ?

* Flinguer vos redites

Lorsque l’on écrit son premier jet, on tourne souvent autour du pot, car on a du mal à rédiger du premier coup ce que l’on voudrait dire ou bien trouver le mot exact. Du coup, on en remet une couche, puis deux et parfois même trois.

STOP.

Lors de la phase de correction, identifiez ces passages et tranchez dans le vif quitte à réécrire une seule phrase qui résume les deux ou trois que vous aviez rédigées lors du premier jet ou trouvez enfin LE mot autour duquel vous avez tourné, car décidément vous ne le trouviez pas ce jour-là.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui, je pense que c’était assez dense. La suite [et fin !] très vite.

Pour rappel, vous pouvez retrouver les mots suivis d’un astérisque dans le glossaire.

 

Dites-moi, est-ce que c’est si dur de couper vos darlings ?

P.S. : si vous êtes impatient.e de connaître la fin de ce long article et si vous voulez en plus télécharger la check-list qui récapitule les 12 étapes pour corriger votre roman, c’est par ici.

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